La foncière toulousaine Thierry Oldak lève 132 millions d'euros
« Nous avons eu de la chance car avant la crise sanitaire et le confinement, ce financement n’aurait pas été débloqué« , lâche Thierry Oldak sur un ton soulagé. L’entreprise qui porte son nom, le Groupe Thierry Oldak (GTO), a levé en fin d’année 2019 pas moins de 132 millions d’euros. Mais la communication autour de cette opération record pour la foncière immobilière toulousaine n’a débuté que récemment en raison du contexte sanitaire.
« L’opération s’est déroulée en deux étapes. Nous avons tout d’abord obtenu un prêt senior de 92 millions d’euros auprès de la Société Générale, puis un prêt junior de 40 millions d’euros auprès d’investisseurs privés », détaille à La Tribune Thierry Oldak, le président fondateur de GTO.
Grâce à cette opération, la foncière immobilière toulousaine compte développer ses acquisitions immobilières pour doubler de taille d’ici à cinq ans. « Plus nous sommes gros, moins nous sommes en danger« , justifie le dirigeant. Actuellement, l’entreprise et ses 11 salariés sont à la tête d’un portefeuille d’actifs de 88 400 m2, valorisés à 250 millions d’euros, et qui permet de récolter environ 10 millions d’euros de loyers chaque année. « Nous voulons doubler ce chiffre d’affaires rapidement », souligne Thierry Oldak.
« Je suis un bâtisseur »
Avec des actifs notamment à Toulouse (bien sûr), mais aussi Bordeaux, Avignon, Rouen, Metz, Nantes et Lille (prochainement), ce nom est loin d’être inconnu dans le secteur ayant à son actif des opérations emblématiques. Par exemple, c’est GTO qui est derrière l’acquisition et la rénovation de l’immeuble haussmannien situé rue du Poids de l’Huile à Toulouse, contre 13 millions d’euros. Une adresse connue pour avoir notamment accueille par le passé le siège du voyagiste toulousain Fram et qui désormais abrite la marque Uniqlo. Plus récemment, Thierry Oldak s’est porté acquéreur de l’ensemble du bâtiment qui abritait encore récemment la réputée boite de nuit toulousaine, le Shanghaï, situé rue de la Pomme. « Le propriétaire du club, que je connais bien, m’a expliqué qu’il n’était plus aux normes et qu’il ne pourrait donc plus, rapidement, exploiter les lieux. J’ai alors acheté l’immeuble, pour le rénover tout en conservant sa sublime façade, avant d’en faire un magasin de 800 m2. Acquérir un actif stabilisé ne m’intéresse pas, j’aime apporter ma touche architecturale. Je ne suis pas un faiseur mais un bâtisseur », aime se décrire le dirigeant toulousain. Au-delà d’un besoin de rénovation, l’autre point commun des opérations de GTO est qu’elles se situent toutes sans exception le coeur des centre-villes, autrement dit « les triangles d’or », surnomme Thierry Oldak.
« Notre entreprise est spécialisée dans l’acquisition et le développement de murs commerciaux, qui se trouvent uniquement dans les coeurs de villes. Pourquoi ? Ce sont des zones où il peut y avoir jusqu’à 9 000 personnes qui passent par heure et il y a donc une forte demande de la part des enseignes pour peu d’emplacements disponibles, ce qui engendre une économie de marché et un actif jamais inoccupé » explique le dirigeant. Des pénalisations d’opérations encore attendues pour l’année 2020.
Si ce dernier se dit intéressé par toutes les villes de plus de 100 000 habitants, avec un coeur (de ville) à restaurer, hors Île-de- France car les opérations sont trop complexes et onéreuses, la crise sanitaire n’a pas freiné les ambitions de Thierry Oldak pour les mois à venir.
« Il y aura des acquisitions cette année et je ne suis absolument pas inquiet pour le devenir du commerce en coeur de ville. Certes, en ce moment le chiffre d’affaires n’est pas forcément là car il y a des contraintes avec le port du masque et l’interdiction de toucher ou essayer les articles parfois, mais ce sont des zones où il y a et y aura toujours du passage et donc des achats. L’effet Covid va s’estomper dans le temps et je ne pense pas que l’e-commerce remplacera le plaisir de parcourir les magasins pour voir et essayer des articles », dit-il sur un ton optimiste. Néanmoins, en raison du confinement et de la fermeture imposée des magasins dans toute la France, le Groupe Thierry Oldak va perdre 760 000 euros sur l’année 2020, à cause de loyers impayés.
« Nous avons décidé de suspendre le paiement des loyers des mois de fermeture imposée pour nos locataires, avant d’étaler leur paiement après la reprise d’activité. Un quart a accepté le principe, un autre quart a accepté un arrangement après négociations, un quart a refusé de payer devant cette situation et le reste a fait une contreproposition inacceptable. Mais dernièrement, beaucoup d’accords ont été trouvés malgré qu’il reste encore quelques réticents. Heureusement, nous étions prêts à faire face à cette crise car nous avons toujours une année d’échéances bancaires en avance dans la trésorerie car nous avons nous aussi des prêts à rembourser ».
C’est donc une entreprise « pas vraiment mis en dificulté par la Covid-19 » qui enclenche une nouvelle étape dans son histoire.